- Qu'est-ce autre chose que la vie des sens, qu'un mouvement alternatif Qui va de l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit, De l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit... - J' m'en fous ! - Ta gueule, laisse-moi finir ! L'âme flottant toujours incertaine entre l'ardeur qui se renouvelle L'ardeur qui se renouvelle et l'ardeur qui se ralentit, L'ardeur qui se renouvelle et l'ardeur qui se ralentit... - Ah ! j' m'en fous ! - Mais dans ce mouvement perpétuel, de l'appétit au dégoût, De l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit, On ne laisse pas de divertir par l'image d'une liberté errante. Tu sais de qui c'est ? - Non. - Bossuet. - Bravo ! Tu veux une oraison funèbre ? - Ah non ! Parce que moi je suis assez cynique Pour en faire ma ligne de conduite. - Oh t' es dégueulasse ! dégueulasse mon vieux ! - Ouais, ouais ! un peu amnésique sur les bords, hein. Voilà où ça mène. Un poison violent, c'est ça l'amour Un truc à n' pas dépasser la dose C'est comme en bagnole Au compteur cent quatre-vingts À la borne cent quatre-vingt-dix Effusion de sang Voilà j' te donne un conseil. Tu tiens à ta peau : laisse tomber ! - Tu cours après une ombre, tu vois. Et c'est même pas la mienne. Encore elle serait sur les colonnes Morris Je pourrais l'attendre à l'entrée des artistes. Mais elle est insaisissable. Où veux-tu que j' la trouve ? - Ah mon p'tit Armstrong Jones y fallait pas faire d' la photographie. - Oh toi t' es écurant. On n' peut pas discuter avec toi. Tu prends tout à la blague. - Ah erreur ! erreur justement ! Un de ces quatre tu verras : tu m' rendras raison. Écoute : Quand tu en auras marre J'ai une petite pour toi Complètement demeurée Mais tellement esthétique - Oh te fatigue pas va ! Allez salut !