Seigneur, voici couler le sang de la patrie. J'entends le bruit qu'il fait en tombant sur la terre, Le bruit sourd, en cinq ans de luttes ennemies. De ces gouttes tombant du corps de tant de frères. Seigneur, voici couler le sang de notre race, Sang du combat guerrier, sang des guerres civiles, Sang des foyers noircis que quelque flamme efface, Sang de ceux qu'on fusille aux fossés de nos villes. Seigneur, voici couler le sang de notre terre. Le sang qui a coulé n'est jamais qu'un sang pur, Et le voici mêlé, le sang des adversaires, Figé sur nos pavés comme un verglas plus dur. Seigneur voici couler le sang de nos garçons, Il a tout recouvert la patrie déchirée. Quand verrons-nous jaillir, ô tardive saison, De tout ce sang versé la moisson désirée ? De Robert Brasillach, in Poèmes de Fresnes.